Certains éditeurs, pour une partie du moins, prennent la peine de formuler un avis. Dans la plupart des cas, la réponse n’est pas circonstanciée.

Cela s’explique par le fait que :

  • l’éditeur n’a pas le temps ;
  • une réponse circonstanciée n’a pas toujours les effets escomptés.

Combien de manuscrits sont retenus par un éditeur ?

Voici une estimation qui dépend de nombreux facteurs, notamment la taille de la maison d'édition, la ligne éditoriale, le comité de lecture, les objectifs d'éditions, etc.

Imaginons que 4000  manuscrits sont reçu par an, par un éditeur.

Après une première sélection, 1000 manuscrits passeront le premier stade.

La sélection est faite par des lecteurs extérieurs. Les « refusés » reçoivent une lettre polie. Idem pour toutes les vagues de refusés ci près.

Lors du second examen, il n'en restera plus que 500 manuscrits.

Après examen par des lecteurs volontaires très divers, 250 seront retenus.

L'éditeur ou le comité de lecture en gardera 50.

Le mot « éditeur » désigne soit le chef d’entreprise soit ses colla­borateurs directs.

Ces 50 manuscrits seront édités, mais ce nombre peut être réduit du fait de la situation financière de l’éditeur.

Manuscrits dont on attend un succès : 10

Manuscrit(s) passant à la postérité ? 1 ou 2, parfois zéro

L’éditeur est toujours débordé. La gestion des tapuscrits est un vrai casse-tête qui consomme du temps et de l'énergie. C’est pourquoi certains éditeurs préfèrent se limiter aux auteurs étrangers. Le travail de prospection, par lequel se définit l’éditeur, a déjà été fait par d’autres. Mais sommes-nous encore dans l’édition ou dans le commerce des épices ?

Un responsable pédagogique de mes amis classait les élèves en trois catégories : les surdoués, les indécrottables et les moyens. Les surdoués, réussissent même s’ils ont des professeurs nuls. Les indécrottables échouent même avec des professeurs géniaux. Ceux pour lesquels on peut faire quelque chose, ce sont les moyens.

On peut, de la même manière, classer les auteurs en surdoués, indécrottables et moyens. Les surdoués font l’unanimité parmi les lecteurs d’édition de bon niveau et finissent par s’imposer. Les indécrottables ne sont pas « au niveau » et ne le seront jamais. Les seuls pour lesquels l’éditeur pourrait être utile sont les moyens et c’est d’eux qu’il faudrait s’occuper (disons tout de même les meil­leurs des moyens).

Le lecteur d’édition payé à la pièce ne déteste pas les indécrotta­bles. Ils sont vite lus et comme on est sûr de ne pas se tromper, on est aussi sûr de ne pas commettre une injustice. Les « moyens » lui posent plus de problèmes.

Dans ce tapuscrit, je sens qu’« il y a quelque chose », mais le texte n’est pas publiable en l’état. Si j’écris pour demander une modifi­cation, je ne peux pas m’engager, mais je crée déjà un lien de dépendance (c’est fou le nombre de gens qui sont à la recherche d’un père). Six mois plus tard, le texte revient « modifié ». En fait, il ne l’est que superficiellement. Il faudrait donc récrire pour demander de réécrire. Et tout cela prend du temps. Paradoxalement, l’éditeur perçoit souvent mieux que l’auteur en quoi l’ouvrage peut être amélioré, mais le temps lui manque. Parfois, l’auteur comprend au quart de tour et le livre paraît. Mais le plus souvent, il faudrait prendre cet auteur par la main, le former. Celui qui est capable de le faire a ses propres livres sur le feu. Pas le temps. Il faut ajouter que l’opération est souvent psychologi­quement hasardeuse. Les auteurs ne sont pas des anges. Céline dit des personnes à qui l’on a rendu service : « Ils se vengent ! Ils se vengent ! » Ce n’est pas toujours vrai. Disons qu’il arrive souvent que la situation tourne à l’aigre. Comme le dit bien Jean Gueno, paraphrasant Beaumarchais, aux qualités qu’ils exigent des éditeurs bien peu d’auteurs seraient dignes de l’être. Et voilà pourquoi votre éditeur est muet.

 Paul Desalmand

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