Autobiographie : comment s'y prendre ?

Autobiographie. un oeil regarde dans le trou d'un mur.

On assiste actuellement à un mode qui enfle de mois en mois. Les gens de cinéma, de théâtre, les animateurs de télévision, les chanteurs, même très jeunes, publient l'histoire de leur vie. Ils viennent en parler à la radio, sur le petit écran. Il est certain que si toutes ces personnes ne jouissent pas de l'aura de la célébrité, elles ne trouveraient aucun éditeur pour publier leurs livres. Notre époque est ainsi faite que le public aime pénétrer la vie intime de ceux et celles qu'il voit et entend sur les scènes et dans les médias. Nous n'allons pas juger sur la valeur de ces témoignages, mais ils vont nous aider à cerner la façon de procéder.

Toute vie quelle qu'elle soit, possède un cursus avec des périodes d'exaltation et des périodes sans relief.

La première question à se poser avant d'entreprendre le travail d'écriture de son autobiographie, c'est :

Pour qui vais-je écrire mon autobiographie ?

Vais-je écrire pour moi, pour ma famille, pour mes amis ?

Vais-je écrire pour des lecteurs inconnus ?

Si on écrit pour soi-même, pour un petit groupe de connaissances, il faut se rappeler que toute vérité n'est pas bonne à dire !

On a vu des familles se déchirer à la suite de révélations contestées par certains proches; des plaintes déposées auprès du tribunal au motif de calomnies, de mensonges ou tout simplement d'erreurs d'interprétation.

Prendre garde !

Voici, à titre d'exemple un passage d'un texte autobiographie écrit par un campagnard jovial, sans malice, un peu naïf, qui s'est attiré les foudres d'une famille blessée dans sa chair, bien que de nombreuses années se soient écoulées entre l'événement relaté et la publication du livre :

«… on tuait deux porcs à cette occasion et aussi un bœuf à partager entre quatre familles. Ce malheureux Arnold (le boucher n.d.r) un peu délaissé par sa femme Josette qui avait repris l'exploitation du café du cerf à Chaloux, au printemps par un jour de " grosse pluie" n'a rien trouvé de mieux que de se pendre pour "se sécher". Il n'y n'avait pas compris que pour vivre, il faut garder les pieds sur terre. Il paraît que la corde d'un pendu porte-bonheur, mais je n'ai pas eu le plaisir d'en recevoir un morceau !  »

Ce paragraphe a causé rage et douleur auprès de la femme et des descendants de ce malheureux suicidé. Tout ce monde s'est emparé du téléphone, a ameuté les journaux locaux, s'en est même pris à l'éditeur.

À aucun moment, l'auteur n'a songé au mal qu'il pouvait causer et encore moins aux ennuis qu'il pouvait s'attirer. Il est donc important de prendre ses responsabilités et ses précautions. Il faut évaluer jusqu'où on peut aller dans l'authenticité des faits rapportés. Il est des secrets que des familles tiennent à cacher de génération en génération. La rupture de ce contrat tacite peut déclencher des tempêtes d'une violence inattendue, et entraîner l'auteur dans des frais de dédommagement pour tort moral.

C'est pourquoi il faut s'assurer que l'entourage qui pourrait se reconnaitre dans les événements relatés ne se sente ni attaqué ni déprécié. On peut, bien sûr, prendre la précaution de changer les noms des lieux et des personnes. Cette manière de faire ôte évidemment une certaine authenticité au récit, mais elle peut éviter bien des désagréments. On peut également indiquer en première page que toute ressemblance avec une personne existante serait fortuite et se dédouaner, ainsi, de tout risque d'attaque.

Ceci démontre combien l'autobiographie dans son acception précise est un art difficile et même scabreux ! Gustave Flaubert, dans les Thibaudet, écrit :

« L'autobiographie, qui paraît au premier abord le plus sincère de tous les genres, en est peut-être le plus faux. »

Sincère, toute personne qui entreprend de mettre sa vie en écriture l'est au départ. Mais dès qu'elle s'aperçoit combien il est difficile d'évoquer des événements très personnels, elle est tentée de les arranger, de les falsifier, de les taire. Il y aura toujours au fond de soi l'inquiétude de blesser, de se révéler différent de ce que les autres perçoivent, peut-être de réveiller certaines douleurs, certaines hontes, certains faits peu glorieux.

Il faut donc avant toute chose, s'obliger à répertorier ce que l'on veut dire, ce qui peut l'être sans répercussions fâcheuses.

Et maintenant un seul conseil : mettez-vous au travail !

Source : J'écris une biographie - M. Boulanger - Ed. Écrire aujourd'hui.

 

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