Le schéma narratif s'articule en 5 étapes qui s'enchaînent selon l'ordre chronologique (adapté au conte). Il s'agit d'un modèle dynamique de tension-résolution : la perturbation d'une situation initiale par un événement va faire « osciller » cette situation pour la faire tendre vers un nouvel équilibre (une résolution de la perturbation) et vers un nouvel état (la situation finale).

Or, ce schéma en cinq étapes est lui-même le résultat d'une synthèse opérée notamment par c. Brémond à partir de la fonction des personnages dans le conte russe. Avec la notion de fonction, Proop cerne en effet un maillon élémentaire et fondamental du déroulement de l'intrigue. Après son analyse des cent contes russes d'Afanassiev, il découvre qu'il existe des constantes dans les fonctions des personnages. Il en repère 31. Vous pourrez les retrouver notamment dans le petit « que sais-je ? » Le récit de J-M Adam. Pour exemple, je vous donne les 10 premières :

  1. Éloignement-absence (mort de la mère dans Cendrillon par exemple)
  2. Interdiction-prohibition (inverse de l'ordre)
  3. Transgression-violation (ou exécution de l'ordre)
  4. Interrogation-demande de renseignement
  5. Information-délation (le miroir magique dans Blanche-Neige)
  6. Diverses formes de tromperie
  7. Complicité involontaire (pacte trompeur)
  8. Méfait ou manque

Ces 8 premières fonctions (bien sûr facultatives) organisent ce que nous avons appelé la situation initiale; la plupart des contes commencent par la fonction 8, méfait ou manque que le héros va tenter de combler dans le récit. La situation initiale peut apparaître à travers toutes ces fonctions ou au travers de certaines seulement. Elle peut aussi être omise; on parlera alors d'un début in medias res.

  1. Appel ou envoi du héros (on parle aussi de « mandement »)
  2. Début de l'action réparatrice ou acceptation par le héros d'une épreuve difficile à accomplir afin d'effacer le méfait ou de combler le manque.

Grâce à ces fonctions 9 et 10, le récit commence vraiment. Nous voyons dans ces 10 fonctions que des invariables du récit sont à l'œuvre à travers ce qu'on pourrait appeler une matrice générale. Nous pouvons par ailleurs constater que cette matrice peut produire des récits indépendamment du genre littéraire souhaité : conte, nouvelle, roman, polar… Il appartient à la fiction de créer l'habillage policier, Sciences fiction, etc.

D'un point de vue plus pratique, il peut être fertile d'utiliser ces fonctions ou leurs dérivés pour crier des récits de manière aléatoire. J'ai élaboré un jeu de cartes avec un certain nombre de ces fonctions et d'autres de mon cru. Ce n'est qu'un exemple que vous êtes invités à transformer pour votre propre usage.

N'hésitez pas à me faire parvenir vos suggestions. Le mode d'emploi est simple : recopiez chaque phrase sur un bristol (ou imprimez-le), mélangez le jeu, puis tirez les cartes de manière aléatoire. Vous baptisez votre récit au fur et à mesure.

Richard Maurel

Téléchargez le jeu de carte au format PDF.

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