Van Gogh dans ta nuit outremer
peuplée de soleils affolants,
du jaune à l'orange, tourbillons de l'enfer,
tu tournoies, halluciné et flamboyant.
Au Borinage tu céderas au malheur,
à Millet et aux sépias,
sur un ton sombre à la Zola,
vagabond et prédicateur.
Au restaurant de la Sirène,
à la table de Pissarro,
tu goûtes avec aubaine
à la palette chaude du renouveau.
En Arles où tu rencontres Gauguin
parmi l'orangé des Alyscamps,
tu rêves de mas lointains,
de moissons superbes, de cyprès menaçants?
Et si la terre se soulève comme la mer,
la Maison jaune abrite ta solitude,
homme au crâne rasé, dans un repos imaginaire :
de la chaise au lit, la tristesse en prélude.
Une Arlésienne de 12 ans, le soir,
au café de l'Alcazar,
un coin de ciel étoilé,
Van Gogh l'encanaillé.
De ton regard fou
tu distribues des fleurs-flammes
avec le soleil pour atout
dans un jeu où tu brûles ton âme.
Les chaumes pour te retrouver
parmi les courbes et les volutes,
l'Église d'auvers secouée
par un génie hirsute…
Vincent 1890, une balle de révolver
parmi les saules mystiques.
Malgré Théo, fidèle et pathétique,
tu fuis la simplicité de l'Univers.
Vivianne Michel