Sur un radeau sable et sel
où nous cherchions fortune,
ton passé tu avais embarqué,
ma ligne de vie l'avait contourné.
Turbulence des vents déchainés,
mer grondante, soleil voilé,
nous avons erré amour contre amour,
déchirure contre déchirure.
Mon seul amour du présent et du futur,
à notre rencontre de demain,
nous aurons cerné nos désirs.
Sous les embruns aux multiples pardons,
au dernier phare, nous accosterons.
Mon seul amour du présent et du futur…
Il s'inventait chaque fois un autre nom
avec ou sans particule
pas d'argent pour s'en acheter ou le regretter
non il était né dans les barbelés
un peu ici un peu par là
pas eu le temps de voir où
il en était revenu depuis longtemps
il se croyait orphelin mais non
depuis il s'inventait chaque fois un autre nom
il visitait chaque fois un autre casier
cartes de visite
masques de cire
jambes de bois
cervelles de plâtre
les femmes n'y croyaient pas
il s'inventait chaque fois un autre nom
vermine ou émeraude sphynx ou rubis
mais les hommes n'y croyaient pas
un jour il se fâcha sans nom
sans savoir qui il était qui il aimait
il se fit baptiser
Miroirs des villes mortes
Quand nous dévoilerez-vous
le parcours de ces cerfs-volants
qui se muent
tantôt en fourmis
tantôt en papillons
et dansent sur notre sommeil
pour se coucher sur nos illusions
Décor du monde
et de moi-même
je t'inscris là
sans mots sans lèvres
sur l'affiche de demain
sans peur sans haine
de te voir un jour
habiter mon lit
et pour peu
qu'il m'en souvienne
la rue est toujours là
immobile lourde
sanglante et généreuse
et pour peu
qu'il m'en souvienne
tu es toujours là
mon amour mon enfance
sur l'affiche d'hier.
Que veux-tu dire encore
que le monde ne sache.
Je n'ai emporté d'hier qu'un squelette de paille
soit que j'y mets le feu
ll brûle jusqu'à mon sang
soit que j'y mets le fer
il pleure et saigne mon temps
à ma mémoire je l'ai dédié
à mes amis je l'ai porté
à la rue je l'ai jeté
à l'instant il revient affamé
il occupe mes quartiers du passé
il se soûle le jour entier
il se soûle pour mieux rêver
il se soûle pour mieux chanter
d'ailleurs regardez
aujourd'hui encore il a dansé.
Elle est belle de cet amour où s'accrochent les rêves,
où l'âge s'attarde auprès du premier baiser,
où le cœur rit de se savoir encore vagabond.
Elle est belle de ses saisons où grandit le poète,
où la femme cédait l'été à l'amour,
où la mère s'est tue en adorant l'enfant.
Elle est belle de cette fête où l'entraîne la danse,
où le soleil inonde ses cheveux,
où l'amour la fait reine en épousant ses yeux.
Elle est belle de ce monde où règne la femme,
où le corps n'a d'autre parure que l'amour,
où la beauté rend les mots inutiles.
Nous y viendrons
aux jours de joie
tendus d'amour
enlacés de tendresse
aux jours des partages
aux jours des sans-façon
Nous y viendrons
dans la neige
la pluie
le soleil
et le vent
riches de n'être rien
au milieu de ce tout
Ceux-là que j'aime
ils vivent
d'amour et de légendes
qui leur ouvrent
complices
l'aube
receleuse de nuits
Ceux-là que j'aime
Ils vivent
en bandes
qu'ils quittent parfois
les yeux chargés d'offrandes
pour revenir
silencieux et las
Ceux-là que j'aime
Ils dorment
sous des rêves en satin
dans des forêts en feu
se promettant
de réveiller le monde
demain
Ceux-là que j'aime
Ils brûlent
la semaine
et l'heure
piètres cadeaux du temps
pour allumer
l'instant
Ceux-là que j'aime
Ils inventent
des mots fabuleux
pour tracer leur vie
un langage
qui doit mourir
faute d'air
Ceux-là que j'aime
Ils creusent
le sable
pour y trouver
le nom oublié du poète
de leur enfance
Ceux-là que j'aime
Ils creusent
le sillon
d'où montera demain
l'éternel
l'universel
cri d'amour
Ceux-là que j'aime
Au cœur de la pierre
O pierres ! Faites que ma vie s'inscrive dans votre pureté !
Détachez-la du sable où je la vois accrochée.
D'aucune marée elle n'a pu tirer sa vérité.
Serait-ce de n'avoir rien mérité ?
Et le vent qui rudoye son visage,
Pourquoi le marque-t-il à tous les rivages ?
Serait-ce qu'il ne connaît pas son âge ?
Serait-ce… l'empreinte du sage ?
Griffée au sable des marées,
Par le vent gifflée,
Comment veut-on que je la reconnaisse ?
Sable et vent, je vous l'enlève sans pitié.
Je vous préfère la pierre et son éternelle vérité.
Mon Dieu, s'il est vrai que vous avez toute puissance
Laissez-les vivre encore un peu
De cette vie qui refuse toute délivrance
Mon Dieu, laissez-les vivre encore un peu
Mon Dieu, s'il est vrai que vous avez toute bonté
Laissez-les rire encore un peu
De ce rire qui traverse toute obscurité
Mon Dieu, laissez-les rire encore un peu
Et aussi vrai, mon Dieu, que je crois en eux
Si fort que vous n'êtes plus qu'une ombre, mon Dieu
Je m'en irai vers vous s'il est vrai
Que vous me pardonnez de les avoir trop aimés
Paola de Calabre
Embellie au soleil d'Italie,
Venue à nos cœurs engourdis,
Sous un ciel redoutable.
Princesse de Boticelli,
À vous rebeller, vous aurez vite appris.
Spontanée et insoumise,
Vous provoquiez à votre guide.
Parmi les pantins livides aux lourdes tares héréditaires,
Au travers du rituel austère,
Vous affrontiez Laeken, la morbide.
Vous vous êtes mésalliée du clan et devenue le Belle au Bois dormant : apparitions publiques obligées
Au prix d'une solitude épousée.
Paola de Calabre
À notre ciel gris convertie,
Par les ans votre beauté affermie,
Vous aurez accepté l'inéluctable.
Princesse de Liège,
De Liège la républicaine,
Vous incarneriez Marianne, en souveraine :
Envers la dynastie, superbe sacrilège.
Paola de Calabre
Princesse de Belgique
Princesse de Liège
Femme de marin.
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